PROPOSITIONS POUR ENCOURAGER LE DEVELOPPEMENT DE LA BICYCLETTE EN FRANCE
Rapport parlementaire par Madame Brigitte LE BRETHON
PORT DU CASQUE POUR LES CYCLISTES

A la question écrite du 7 avril 2003 de Mme Maryse Joissains-Masini (Bouches-du-Rhône) sur la nécessité de « renforcer la prévention des cyclistes en leur imposant non seulement, le port du casque en ville, mais aussi, de rendre obligatoire l'équipement de leurs bicyclettes en feux de position », Monsieur Gilles de Robien, ministre de l'Equipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer a répondu le 24 novembre 2003 : « s'agissant de rendre obligatoire le port du casque, outre les difficultés pratiques d'application d'une telle mesure auprès des cyclistes, difficultés confirmées par l'échec des tentatives menées dans d'autres pays, le Gouvernement préfère faire appel à la responsabilité individuelle de chacun en recommandant l'usage de cet équipement.
S'agissant de l'équipement des cycles en feux de position, le code de la route (art. R. 313-4 et suivants) rend obligatoire divers dispositifs d'éclairage et de signalisation, dont des catadioptres visibles à l'arrière, latéralement, sur les pédales ainsi qu'à l'avant (art. R. 313-18 V, 313-19 et V, 313-20 III et IV). »

Le Ministre préconise l’appel à la responsabilité de chacun
,
comme l’ensemble des acteurs du vélo en France aujourd’hui, Conseil national des professions du cycle, Club des villes cyclables, Fédération des usagers de la bicyclette (FUBicy) mais également la Fédération française de cyclotourisme qui, dans le numéro de novembre de sa revue « Cyclotourisme » se félicite de cette position du Gouvernement et mentionne la réponse que Monsieur de Robien a adressée le 10 septembre 2003 à la Fédération suite à la proposition de loi déposée par deux députés sur la généralisation du port du casque.
Dans ce courrier, le Ministre stipule qu’ « il n’apparaît pas opportun, en l’état, de créer l’obligation du port du casque chez les cyclistes » et cite les actions d’information faites dans les collèges, écoles et lycées, dans les rayons cycles des magasins d’articles de sport et dans les guides de bonnes pratiques en matières de sécurité.

Les vraies solutions sont en effet ailleurs

Outre les actions de sensibilisation des cyclistes actuels et futurs cyclistes, il faut lutter contre les causes des accidents, et non se contenter d'essayer d'en atténuer les conséquences.

Le casque protège pour une partie des accidents, mais il n'évite pas l'accident.
Les acteurs français du vélo s’accordent à recommander le port du casque pour les enfants, qu'ils soient au guidon ou transportés sur le vélo d'un adulte (sens de l'équilibre et vision latérale moins développés que chez l'adulte ainsi que moindre réflexe de protection de la tête par les bras en cas de chute) et les pratiques
sportives.
« Nous ne chercherons pas à dissuader un cycliste de porter un casque » écrit la FUBicy « s'il se sent plus rassuré ainsi », mais la Fédération « persiste et signe, tout comme la Fédération Européenne des Cyclistes ECF : en ville, mieux vaut rouler à vélo sans casque que renoncer au vélo. »

L'accidentologie du cyclisme urbain et celle du cyclisme sportif sont fondamentalement différentes.
Aucune étude scientifique portant sur un échantillon représentatif des cyclistes urbains ne donne de résultats pouvant justifier l’obligation du port du casque en ville.

En revanche, des études montrent que cette mesure aurait plus d'effets négatifs que d'effets positifs.

Quel est le risque ?
- Le casque est censé protéger contre les traumatismes crâniens. Hélas, la majorité des cyclistes tués cumulent un taux de lésions tel que le port du
casque n'aurait rien changé à leur sort (étude anglaise 87/91). Que peut un casque vélo (obligatoirement léger et aéré, à cause de l'effort fourni) contre
une portière ou une bordure de trottoir ?
- Il faut relativiser le risque de traumatisme crânien dans la pratique du vélo urbain.
La Sécurité Routière indique que, dans 62 % des accidents de vélo, le crâne n'est pas touché. Une revue cycliste suisse annonce même un taux de 75 %. La ville de Grenoble a recensé un traumatisme crânien pour dix millions de trajets à vélo.
- En agglomération, le cycliste est surtout blessé aux membres, car il a le réflexe d'amortir la chute ou la collision avec les bras, ce qui diminue la
vitesse d'impact (à distinguer de la vitesse du véhicule).
- En moyenne 17% des blessés dans un accident de la circulation sont touchés à la tête: ce taux est le même pour cyclistes, automobilistes et piétons.
(sources : Sécurité routière, INRETS et FUBicy)
Hollande, Danemark, Allemagne, Suisse, pays où la pratique du vélo est très répandue, n'imposent pas le casque.

Le corps médical britannique, reconnu pour son expertise en matière de médecine préventive, s'est prononcé pour la promotion du vélo et contre l'obligation du port du casque.

Quand la Nouvelle Zélande a imposé le port du casque aux cyclistes, leur nombre a diminué de 37%, mais le nombre de cyclistes blessés ou tués est resté stable.

Inversement, dans les villes suisses, l'augmentation du nombre de déplacements à vélo va de pair avec une baisse du nombre de blessés cyclistes (voir aussi annexe « Le vélo pour une ville apaisée »).

Ces expériences montrent bien que c'est à la source qu'il faut traiter le problème de l'insécurité routière: modérer la vitesse des automobiles, créer des aménagements cyclables et les faire respecter.

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